Cet article vous permet d’explorer la définition de l’aphasie ses étiologies et ses classifications

Définition

L’aphasie désigne l’ensemble des troubles de la communication par le langage, touchant avec une sévérité variable le versant expressif et/ou réceptif dans les modalités orale et/ou écrite, et résultant de lésions cérébrales acquises.

                                                              L’aphasie, trouble de la communication par le langage, expressif et/ou réceptif

Ces lésions concernent l’hémisphère dominant pour le langage, 9 fois sur 10 l’hémisphère gauche selon Peskine et Pradat-Diehl (2007), et en fonction de leur localisation, les déficits peuvent toucher le langage à plusieurs niveaux : lexical, sémantique, phonologique, morphosyntaxique, pragmatique. Les troubles aphasiques entraînent une rupture du code linguistique (Chomel-Guillaume et al., 2010).

Etiologies

La plus importante : Les Accidents Vasculaires Cérébraux.

Les AVC représentent la principale étiologie des troubles aphasiques. Les AVC ischémiques ou infarctus (obstruction d’une artère cérébrale), les AVC hémorragiques (rupture d’une artère cérébrale) et les thromboses veineuses cérébrales (occlusion d’un sinus veineux et/ou d’une veine du cerveau) sont les trois types d’AVC décrits classiquement. Il existe aussi des accidents ischémiques dits « transitoires » (AIT), si aucune lésion ischémique n’est retrouvée à l’IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) et si la durée des signes neurologiques déficitaires est inférieure à une heure (Chomel-Guillaume et al., 2010).

Les AVC constituent un problème majeur de santé publique, aggravé par le vieillissement de la population française. En effet, le taux d’incidence des AVC s’accroît exponentiellement avec l’âge, et ce dès 45 ans (Bejot et al., 2007) : 130 000 patients ont été hospitalisés suite à un AVC en 2005 et 143 000 patients sont donc attendus en 2015 (Bardet, 2007). Les AVC représentent en France la troisième cause de mortalité et la première cause de handicap acquis de l’adulte (Bejot, 2007).

Les troubles aphasiques sont retrouvés chez 30 à 55% des patients à la phase aiguë d’un AVC (Engelter et al., 2006 ; Laska et al., 2001 ; Pedersen et al., 2004), ce qui représente au moins 30 000 nouveaux cas d’aphasie d’origine vasculaire par an (Peskine & Pradat-Diehl, 2007). Pour l’ensemble de ces patients, les troubles du langage ont tendance à diminuer au cours de la première année, mais ils sont toujours présents chez 60% d’entre eux un an après la survenue de l’AVC (Perdersen et al., 2004) et chez 43% d’entre eux, 18 mois après l’AVC (Laska et al., 2001).

                                                              La survenue fréquente d’AVC crée de nombreux nouveaux aphasiques chaque année

Selon la localisation lésionnelle, des troubles associés sont fréquemment retrouvés en cas d’AVC :

  • des troubles sensitifs et/ou moteurs (hémiplégie, hémianesthésie, hémiparésie par exemple)
  • des troubles mnésiques (particulièrement des troubles de la mémoire de travail), des troubles des fonctions exécutives (troubles attentionnels notamment)
  • du champ visuel (hémianopsie ou héminégligence)
  • du calcul (Pradat-Diehl et al., 2007)
  • une agnosie (visuelle et/ou auditive)
  • une apraxie (bucco-faciale ou du corps entier)
  • une anosognosie et enfin parfois des troubles de l’humeur et du comportement.
                                                                                           Les troubles classiquement associés à l’aphasie

Autres étiologies

Les autres étiologies de l’aphasie sont :

  • les pathologies neuro-dégénératives (principalement la maladie d’Alzheimer et les dégénérescences lobaires fronto-temporales)
  • les pathologies tumorales (tumeurs cérébrales primitives ou secondaires, c’est-à-dire les métastases d’autres cancers)
  • les pathologies inflammatoires (notamment la sclérose en plaques)
  • les pathologies traumatiques (traumatismes crânio-encéphaliques)
  • les pathologies infectieuses (en particulier la méningo-encéphalite herpétique) (Chomel-Guillaume et al., 2010).
  • Des troubles aphasiques peuvent aussi survenir ou être aggravés au cours d’une crise d’épilepsie (Peskine & Pradat-Diehl, 2007).

Notre étude n’incluant que les aphasies ayant pour origine une pathologie vasculaire, nous ne développerons pas plus ces autres étiologies.

Classifications des aphasies

La classification traditionnelle des syndromes aphasiques repose sur la dichotomie fondamentale entre aphasie fluente versus non fluente.

La fluence se définit par le nombre moyen de mots produits au cours d’une même émission vocale. Cette classification des aphasies s’appuie donc sur l’analyse du discours spontané (Chomel-Guillaume et al., 2010).

Aphasies non fluentes

Notre étude porte sur les aphasies corticales et plus particulièrement sur les aphasies non fluentes, comprenant 5 grands syndromes aphasiques : l’aphasie de Broca, l’aphasie transcorticale motrice et transcorticale mixte, l’aphasie globale et l’aphasie mixte non fluente.

Les aphasies non fluentes sont caractérisées par une réduction quantitative et qualitative du discours. Au niveau quantitatif, un mutisme est souvent présent initialement. Il évolue ensuite mais l’expression orale reste plus ou moins réduite selon le type et la sévérité de l’aphasie (une réduction du discours spontané, voire une aspontanéité verbale sont observées). Au niveau qualitatif, la réduction concerne la morphosyntaxe avec un discours pauvre en éléments syntaxiques et un agrammatisme fréquent. Le langage automatique est généralement préservé grâce à la dissociation automatico-volontaire, ainsi que la capacité à chanter. Les patients aphasiques non fluents sont conscients de leurs troubles (pas d’anosognosie). Ils sont souvent informatifs malgré un discours parfois émaillé de paraphasies, de persévérations, de stéréotypies, avec un fréquent manque du mot. Le niveau de compréhension est très variable, relativement préservé dans l’aphasie de type Broca jusqu’à très altéré dans l’aphasie globale. Enfin, des troubles du langage écrit sont généralement retrouvés, et sont de même type que ceux observés à l’oral (Chomel-Guillaume et al., 2010).

Autres aphasies : aphasies fluentes et sous-corticales

Les aphasies fluentes regroupent l’aphasie de Wernicke, l’aphasie transcorticale sensorielle, l’aphasie de conduction et les aphasies anomiques.

Elles sont caractérisées par un débit préservé, voire logorrhéique dans certains cas. Au niveau de la morphosyntaxe, le discours est souvent paragrammatique ou parasyntaxique. Les patients aphasiques fluents peuvent être anosognosiques. Ils sont souvent peu informatifs car leur discours est agrémenté de paraphasies de toutes sortes, avec des néologismes, un manque du mot, et parfois un jargon dans les formes les plus sévères.

Par ailleurs, les conduites d’approches et les circonlocutions sont fréquemment observées dans les tableaux d’aphasie de conduction. Le niveau de compréhension est variable, il peut aller jusqu’à la surdité verbale dans l’aphasie de Wernicke. Les troubles du langage écrit sont généralement identiques à ceux retrouvés à l’oral.

Les aphasies sous-corticales ont des caractéristiques sémiologiques proches des aphasies corticales mais avec des tableaux cliniques plus atypiques. Le langage spontané est souvent fluent ou logopénique avec une fréquente hypophonie et une grande variabilité des performances (Chomel-Guillaume et al., 2010).

 

GONG est une application de communication pour les personnes ayant un trouble du langage, plus d’informations : ici

Ces rappels théoriques sont tirés du Mémoire : 
UNE COMMUNICATION ALTERNATIVE SUR TABLETTE TACTILE POUR LES PATIENTS APHASIQUES NON FLUENTS : ETUDE ET FAISABILITE”

Soutenu par Louise Lange en 2014/2015, École d’orthophonie de Tours -Université François Rabelais.

Cet article est un rappel du socle théorique de la formation en ligne :
“Approche écologique de la réadaptation du langage chez l’aphasique” 

Disponible : ici