Qu’est-ce qu’une téléthèse par rapport à une tablette ?

Une téléthèse est un système dédié, c’est-à-dire qu’elle sert uniquement d’outil de CAA. Par opposition, une tablette tactile a de multiples autres fonctions (navigation sur Internet, lecture et envoi de messages électroniques, agenda, galerie photos, etc.) qui peuvent également faciliter la communication (Batselaere, 2014).

De plus, les tablettes sont aujourd’hui vendues à des prix plus accessibles, tandis que les téléthèses restent très onéreuses.

                                                    Les tablettes ont de nombreuses fonctions

Tablette tactile ou ordinateur ?

En raison de leur taille réduite et de leur légèreté, les tablettes tactiles sont plus facilement transportables que les ordinateurs. D’autre part, leurs performances étant inférieures, les tablettes ne sont pas compatibles avec les logiciels des ordinateurs et permettent d’utiliser uniquement des applications, mais leur autonomie est de ce fait plus élevée.

Elles sont aussi plus réactives, avec un allumage et une extinction plus rapides. Enfin, les capacités de stockage des tablettes numériques sont moindres, mais elles peuvent être améliorées grâce à l’utilisation de cartes mémoires (Sallé, 2014b).

                                                                 Les tablettes tactiles sont légères

En outre, l’absence de clavier et de souris rend l’utilisation de la tablette tactile bien plus intuitive que celle d’un ordinateur. Actuellement, il se vend d’ailleurs plus de tablettes que d’ordinateurs en France (Couderc, 2014).

                                                 Sans clavier ni souris, la tablette tactile est plus intuitive

Tablette tactile et « seniors »

Le taux d’incidence des AVC augmentant avec l’âge, l’outil de communication alternative à proposer devra être facilement utilisable par des personnes âgées de plus de 50 ans. Or les « seniors » (50–64 ans et plus de 65 ans) sont souvent réticents au maniement des technologies numériques et 44% d’entre eux se disent freinés par la complexité des ordinateurs.

Les tablettes tactiles, avec leurs interfaces simplifiées, devraient leur être plus accessibles (Vandi et al., 2011) mais malgré tout, seuls 14% des 60–69 ans et 8 % des 70 ans et plus, sont de nos jours équipés d’une tablette numérique (Bigot & Croutte, 2014).

Vandi et al. ont publié un livret de recommandations permettant de faciliter l’appropriation des tablettes tactiles chez les seniors. Voici quelques-unes de leurs préconisations, réparties selon 4 axes :

Améliorer le confort de lecture

Avec des applications qui permettent d’agrandir la police, de régler la luminosité pour éviter la fatigue visuelle et qui peuvent être utilisées en mode paysage (selon Vandi et al., tenir la tablette à l’horizontale offre à l’écran un format auquel les seniors sont plus accoutumés car proche de celui des télévisions).

Faciliter la prise en main des applications et services

En choisissant des icônes transparentes avec un accès direct aux applications, en réglant la sensibilité et le temps de réaction de l’écran tactile pour éviter que des effleurements ou des tremblements ne déclenchent des actions involontaires (nécessaire aussi en cas de troubles moteurs), en prévoyant un feedback sonore ou tactile sous forme de vibrations à chaque action.

Adapter la tablette à un usage quotidien

La tablette tactile doit être légère et facilement transportable. Elle doit pouvoir fonctionner sans nécessité d’être raccordée à l’ordinateur, notamment pour télécharger des mises à jour ou envoyer des fichiers.

Accompagner les seniors

Il est indispensable de prévoir des séances d’initiation à l’utilisation des tablettes numériques, avec des démonstrations des manipulations de base et la mise à disposition de guides explicatifs avec captures d’écran.

Par ailleurs, certaines manipulations trop complexes sont à éviter comme le « double-clic » (toucher deux fois rapidement un bouton à l’écran), mais en revanche la navigation d’une page à l’autre par glissement et le zoom en écartant les doigts sont facilement maîtrisés par les seniors.

Si les concepteurs de tablettes et d’applications tiennent compte de leurs besoins spécifiques, les seniors sont parfaitement capables, avec un accompagnement adéquat, d’utiliser les nouvelles technologies numériques.

En outre, comme l’expliquent Vandi et al., toutes ces recommandations s’appliquent aux seniors mais peuvent aussi concerner le public débutant avec la manipulation des tablettes. Il paraît donc possible de mettre en place une communication alternative sur tablette avec une très large population, sous réserve de proposer une application et un suivi appropriés.

         S’ils sont correctement accompagnés, les seniors sont capables d’utiliser une tablette tactile

Selon une enquête réalisée auprès d’orthophonistes, d’ergothérapeutes et de patients dans le cadre d’un mémoire d’orthophonie (Sallé, 2014a), la tablette numérique est un moyen de CAA facilement transportable, d’aspect attractif et simple d’utilisation. Elle est multifonctionnelle et peut être utilisée dans de nombreuses situations puisque c’est un objet connu du grand public donc non marqueur de handicap. L’accès tactile de la tablette est aussi considéré comme un avantage.

Toutefois, cette enquête met aussi en exergue certaines limites à l’utilisation de la tablette en tant qu’outil de communication alternative. En effet, près de la moitié des sujets interrogés déclare ne pas savoir se servir de la tablette et certains sont en difficultés pour maintenir leurs connaissances à jour. De plus, la tablette est un appareil considéré comme fragile et onéreux.

Les applications de CAA sont trop nombreuses, peu adaptées ni adaptables aux besoins des patients et parfois de mauvaise qualité, il est donc difficile de savoir laquelle choisir. Enfin, certains déplorent un temps de configuration trop long et des difficultés d’accessibilité en cas de troubles moteurs. Différentes sortes de tablettes et différentes sortes d’applications de CAA ont récemment vu le jour, mais en existe-t-il qui soient parfaitement adaptées aux besoins des personnes aphasiques ?

Des études ont démontré que les séquelles cognitives ainsi que les troubles moteurs et/ou praxiques classiquement associés à l’aphasie font obstacle à l’utilisation des classeurs de communication. Ces troubles sont-ils également un frein à l’utilisation d’un outil de CAA sur tablette numérique ?

Enfin, la tablette et l’application ne peuvent être données clés en main aux patients et à leurs familles afin de conserver les capacités de communication mises à mal par la survenue de l’aphasie.

 

GONG est une application de communication pour les personnes ayant un trouble du langage, plus d’informations : ici

Ces rappels théoriques sont tirés du Mémoire : 
UNE COMMUNICATION ALTERNATIVE SUR TABLETTE TACTILE POUR LES PATIENTS APHASIQUES NON FLUENTS : ETUDE ET FAISABILITE”

Soutenu par Louise Lange en 2014/2015, École d’orthophonie de Tours -Université François Rabelais.

Cet article est un rappel du socle théorique de la formation en ligne :
“Approche écologique de la réadaptation du langage chez l’aphasique” 

Disponible : ici