Le classeur de communication est l’outil alternatif classiquement privilégié afin de pallier les troubles aphasiques. En effet, lorsqu’ils ne sont pas standardisés, les classeurs de communication sont totalement adaptables et évolutifs.

Ils peuvent comporter des photos personnelles, des images et/ou des pictogrammes permettant un accès direct au sens, et choisis en fonction des besoins spécifiques de communication de la personne aphasique.

L’orthophoniste peut facilement modifier le contenu du classeur en ajoutant ou en supprimant des pages. La communication passe par la sélection puis la désignation sur le support de l’item le plus approprié à la transmission d’une idée à l’interlocuteur.

                         Le classeur de communication est habituellement proposé aux personnes aphasiques

Malheureusement, l’utilisation d’un classeur de communication a aussi ses limites, décrites par Parent (1999) :

Les résistances psychologiques

Elles dépendent en partie de la conscience qu’ont les patients aphasiques de leurs difficultés communicationnelles. En effet, une personne anosognosique ne pourra s’investir dans un projet de communication alternative car elle n’y verra pas d’intérêt. Et inversement, il sera très difficile pour un patient aphasique conscient de ses troubles d’accepter de recourir à un moyen de communication différent du langage oral, qui de surcroît sera marqueur de handicap. Par ailleurs, tourner les pages du classeur pour désigner les images et/ou les pictogrammes un par un implique un grand ralentissement de la transmission d’informations, ainsi qu’une perte du contact visuel. Le patient aphasique a donc tendance à se reposer sur les compétences de l’interlocuteur, en répondant à ses questions fermées par exemple.

                                                Les classeurs de communication sont très stigmatisant

La qualité ergonomique du support

Importante en particulier en cas de troubles moteurs ou praxiques. En effet, une personne hémiplégique ne pourra que très difficilement transporter son classeur, tourner les pages et désigner les items choisis. De plus, les items présents dans le classeur sont à sélectionner avec soin, car ajouter un maximum d’images ou de pictogrammes pour faire face à toutes les situations de communication imaginables ne fera qu’alourdir le classeur et allonger le temps de recherche des items pertinents. De même, les pictogrammes trop peu explicites ou exprimant des notions trop abstraites sont à éviter puisqu’ils surchargent le classeur et nécessitent l’apprentissage d’un lexique spécifique.

                                        Les classeurs de communication sont peu pratiques à manipuler

Les séquelles cognitives

Les troubles amnésiques ou les difficultés de catégorisation qui empêchent la personne aphasique de retenir l’emplacement des différents items et rendent difficile la navigation dans le classeur. D’autre part, la quantité d’images ou de pictogrammes étant limitée par le nombre de pages du classeur, le patient doit parfois désigner un ou plusieurs symboles plus ou moins proches du concept à exprimer. L’utilisation d’un classeur de communication nécessite donc un travail de suppléance mentale de l’interlocuteur, mais fait aussi appel aux capacités d’association sémantique, de jugement et d’analyse conceptuelle, souvent altérées chez les personnes aphasiques.

                      Le classeur de communication n’est pas la solution idéale pour les patients aphasiques

Par ailleurs, le temps considérable nécessaire à la création pratique du matériel (imprimer, plastifier, découper puis ranger les images, photos et pictogrammes dans le classeur) est sans doute la contrainte majeure qui décourage la mise en place des classeurs.

Ces difficultés de mise en œuvre et d’utilisation, en particulier en cas d’aphasie, nous amènent à rechercher une alternative au classeur de communication. Les nouvelles technologies informatiques, notamment les tablettes tactiles, sont de plus en plus accessibles et les applications de CAA désormais téléchargeables sur tablette pourraient constituer des substituts intéressants.

 

 

GONG est une application de communication pour les personnes ayant un trouble du langage, plus d’informations : ici

Ces rappels théoriques sont tirés du Mémoire : 
UNE COMMUNICATION ALTERNATIVE SUR TABLETTE TACTILE POUR LES PATIENTS APHASIQUES NON FLUENTS : ETUDE ET FAISABILITE”

Soutenu par Louise Lange en 2014/2015, École d’orthophonie de Tours -Université François Rabelais.

Cet article est un rappel du socle théorique de la formation en ligne :
“Approche écologique de la réadaptation du langage chez l’aphasique” 

Disponible : ici